Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour arrêter les sables dans les portions complantées, les espacer par de légers cléonages ou fascinages qui empêcheroient ces sables de passer ces cléonages et de s’accumuler ou de trop couvrir les ensemencements, y jeter de la graine de pins à distance égale, du gland de loin en loin et beaucoup de graines de différents arbustes et herbes rampantes dont l’élévation et le fourré serviroient à opposer un rempart à la course du sable qui, sur ces bords, est on ne peut plus fin et par conséquent léger ; les graines d’agions appelés dans le païs vulgairement jogues, celles du genêt, celle du gourbet, espèce de jong qui se plaît infiniment dans le sable et surtout celles du gruau paroissent les plus propres à remplir cet objet. Cette dernière a un avantage sur toutes les autres, c’est que fleurissant deux fois l’année, et donnant conséquemment sa graine autant de fois, elle se reproduit d’elle-même et ne s’élevant pas au-dessus d’un pied, s’étend et forme un abri assez étendu pour que le vent ne puisse pas prendre le sable sur son sol ; rien de plus aisé que de s’en procurer puisque c’est avec le secours de cette graine qu’on est parvenu à Dunkerque à donner des bornes aux sables de cette côte

» Il faut… [aux habitants] leur interdire le pacage dans les dunes et terres ensemencées tout le temps nécessaire pour en assurer le succès qui sera fixé au moins à 15 ans… leur deffendre surtout et à tous résiniers de lâcher des cochons dans les forêts (les sangliers qui peuplent beaucoup faisant déjà assez de dégâts) ainsi que des chèvres, ce qui est trop contraire à la reproduction des jeunes pins et des chênes. » (3e mémoire, 2e division, article 1er).

De Villers conclut en proposant de faire quelques essais pendant deux ans, au cas où l’Administration douterait de l’excellence des moyens indiqués et « d’ordonner préalablement à tout, et sans aucun jdélai, cet ensemencement général des dunes. » Il ajoute que l’État pourra retirer plus tard 4 à 5 millions de revenu des forêts ainsi constituées.

Le baron de Villers termina ses travaux et quitta la Guienne à la fin de 1781.

Brémontier. — En 1784, Nicolas Thomas Brémontier fut nommé ingénieur pour cette Généralité. Il remplissait alors les fonctions de sous-ingénieur en Normandie, son pays natal. Avant d’entrer dans les Ponts et Chaussées, il avait été longtemps clerc de Procureur. Nous l’avons déjà vu en Guienne comme sous-ingénieur. C’était à l’époque où il donnait un avis contraire au projet Montausier, qu’il estimait impraticable en raison de l’impossibilité où l’on était de fixer les sables (1773).

En 1784, ses opinions changèrent, influencées par les travaux des Ruat, des Desbiey, et surtout par les études de de Villers ; Il comprit alors la possibilité et les moyens de réaliser cette grande idée du boisement de toutes les dunes et résolut d’y arriver, non sans vouloir d’ailleurs en faire son œuvre à lui seul.