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ciennes et dont nous avons montré des vestiges dans les troncs restés debout sur certaines plages du Médoc et des débris dans les bois des Monts d’Hourtin, de Carcans et de Lacanau. C’est aussi l’opinion de Baurein, de Jouannet, de Bernadau, du baron de Villers (passage cité au chapitre III), d’Élisée Reclus, de M. de Lapparent, etc. Mais ou ne peut savoir si ces premières dunes ont été boisées par les travaux de l’homme ou plutôt par les seules forces de la nature. Il paraîtrait que les Boïens avaient installé sur certaines dunes des forêts que les Vandales détruisirent à peu près totalement en 407. Un vieux titre donne à croire qu’au xve siècle, les captaux de Buch avaient ensemencé des dunes ; mais on n’a rien de positif à cet égard et les procédés usités dans ces temps anciens furent oubliés.

Au xviiie siècle la question se présentait donc entière, et c’est de cette époque seulement que datent les premières vraies tentatives faites dans le sens de la fixation des sables. En 1734, Alain de Ruat, captal de Buch, planta ou ensemença de grandes dunes en pins et en chênes. Les résultats avaient été satisfaisants, mais des incendies dus à la malveillance aveugle des pâtres détruisirent les bois déjà grands (Mémoires de de Villers ; Greliet-Balguerie, La fixation des dunes). — L’essai était donc à reprendre, et c’est dans ce but qu’Amanieu de Ruat, petit-fils du précédent, demanda au roi, à plusieurs reprises et notamment en 1779, la concession des dunes situées dans l’étendue de son captalat, puis leur inféodation. Il fit de nouveaux semis, mais n’obtint qu’un très médiocre résultat.

Il paraît qu’en 1727 un sieur Baleste-Marichon, maître chirurgien royal à la Teste, eut l’idée d’ensemencer les lèdes. L’opération réussit, mais elle n’avait porté que sur les lèdes. D’ailleurs, on semait à la volée, sans recouvrir ni protéger les graines, et ce procédé par trop simple ne pouvait aboutir sur les sables mouvants des dunes.

Baurein a noté dans ses Recherches sur l’ancien état des côtes de la mer de Gascogne (Ms. de la Bibliothèque de Bordeaux, I766), qu’on avait déjà en partie fixé des dunes, et il y a timidement émis l’idée des semis sur les sables. Dans un mémoire adressé en 1768, par Marbotin, conseiller à la Cour du Parlement de Bordeaux, à Duchesne, premier secrétaire de l’Intendance, le même fait de fixation ancienne des dunes est signalé. Mais on ignore quand et comment cette fixation fut obtenue.

On rapporte aussi qu’un paysan du nom de Berran aurait arrêté la dune d’Udos à Mimizan ; mais Berran avait employé uniquement le clayonnage dont l’efficacité est de bien courte durée. D’après Thore, un ancien notaire de Mimizan, nommé Texoëres, aurait fixé une dune par une complantation en gourbet. L’authenticité de ces derniers faits est loin d’être établie.

Il faut observer qu’à l’époque on ne se rendait pas toujours compte de l’utilité de la végétation sur les sables. En 1742, au Verdun, un nommé Isac Reynal, voisin du chapelain, avait coupé les arbres et