Premiers faits. — On lit sur le monument élevé à Brémontier
dans la forêt d’Arcachon : « L’an 1786, sous les auspices de Louis XVI,
M. Brémontier fixa le premier les dunes et les couvrit de forêts. En
mémoire du bienfait, Louis XVIII continuant les travaux de son frère,
éleva ce monument en 1818. »
Cette inscription est trompeuse. Le célèbre ingénieur n’a le mérite ni de la priorité ni de l’invention dans le boisement des dunes. Il a seulement celui, très beau à la vérité, d’avoir su profiter des travaux ou découvertes de ses devanciers, d’avoir su comprendre et lancer, malgré les difficultés du moment, cette gigantesque entreprise de la fixation des dunes. À ce titre, la reconnaissance de la postérité lui est assurément due. Mais il a terni sa réputation en dissimulant qu’il devait beaucoup, sinon tout, à ses aînés et même à un collaborateur, et en usurpant le titre d’inventeur, aidé dans cette « erreur volontaire d’amour-propre » (Grellet-Balguerie) par l’aveuglement de ses contemporains, tandis qu’il aurait dû partager sa gloire avec d’autres plus modestes ou moins favorisés, qui sont restés généralement inconnus. Sic vos non vobis. L’histoire est pleine de semblables exemples !
Certains auteurs font dater de la fin du xviiie siècle la découverte du vrai moyen de fixer les dunes et en attribuent le mérite, les uns à l’abbé Desbiey, les autres au baron de Villers, D’autres placent à une date bien antérieure les premiers travaux de ce genre. (Ch. Bal, La vêrité sur la fixation des dunes,1850 ; Delfortrie, Les dunes littorales du golfe de Gascogne, 1879 ; J. Thoulet, Le bassin d’Arcachon, Revue des deux Mondes, 1893 ; Dulignon-Desgranges, Les dunes de Gascogne, le bassin d’Arcachon et le baron de Villers, 1890).
Dès la plus haute antiquité, des sables ont été couverts de végétation. La preuve en est dans ces forêts installées sur des dunes an-