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sement ou gazonnement. Il s’explique, parce qu’un courant atmosphérique donnant contre un monticule perd de sa force au sommet et augmente plutôt d’intensité sur les côtés où, par conséquent, il entraîne plus de sable (de Vasselot) ; parce qu’aussi et surtout les grains de sable, ayant moins de hauteur à franchir sur les bords de la dune qu’en son milieu, cheminent plus vite sur ces bords (de Lapparent).

Le mouvement le plus important des dunes est leur déplacement dans le sens du vent. Nous avons expliqué le mécanisme de cette progression. Il est à remarquer que cet avancement continuel tend à combler l’intervalle qui sépare deux séries de collines, souvent d’ailleurs pour en creuser un pareil sur un autre point. « De cette manière, dit M. de Lapparent, d’une part les rides cheminent devant elles, et d’autre part, leur élévation devient de plus en plus grande, à mesure qu’on marche dans le sens du vent. Elles constituent comme autant de vagues dont les crêtes viennent affleurer un même plan. La pente de ce plan est la direction moyenne, inclinée sur l’horizon, que le vent, d’abord horizontal, est forcé de prendre, tant par l’obstacle que les dunes lui opposent que par la composante verticale des remous qui se produisent entre deux ondulations consécutives. »

Par l’effet de ce mouvement, les dunes succèdent aux lèdes et les lèdes aux dunes ; un même point du sous-sol supporte, suivant les temps, une épaisseur variable du sable ; et comme, en définitive, la dune roule sur elle-même, chaque grain de sable est tour à tour à son sommet et à sa base.

On a souvent et avec justesse comparé la dune à la vague. Nous avons vu tout à l’heure que leur formation est semblable et leur profil pareil. Cette similitude se retrouve encore dans leur mode de progression, et nous pouvons dire avec M. Thoulet (Le bassin d’Arcachon) : « On observe une fois encore combien la nature est simple dans ses manifestations, demeure fidèle aux lois qui la régissent et les répète. Le glacier est un fleuve lent, la dune est une vague lente, l’air forme des vagues plus rapides que celles de la mer et, à mesure que la rapidité de ces vagues augmente, elles s’appellent son, chaleur, lumière, rayons actiniques. »