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» Les gords ont toujours été considérés comme le moyen de pêche le plus destructeur…

» Pour éviter les graves conséquences que nous venons de signaler, il conviendrait de mettre de l’ordre dans l’emploi de ce mode de pêche, de déterminer la dimension des mailles des filets et l’écartement des verges…

» Nous devons faire remarquer que les gords, tels qu’ils sont construits sur la Gironde, ne peuvent nuire en aucune manière à la navigation…

» L’ordonance royale du mois d’août 1681, tout en consacrant la liberté de la pêche dans la mer, a cependant tracé des régies relativement aux modes de pêche à employer, à la dimension des mailles des filets, à la manière d’en faire usage, etc.… Il serait bien important de la remettre en vigueur, particulièrement les 2e et 3e Titres… »

C’était évidemment là la seule solution raisonnable de la question. Mais l’administration maritime ne voulut pas l’admettre et malgré la protestation de toute la population intéressée et de ses représentants, à la suite d’un vote du Conseil général, les gords furent radicalement supprimés.

Par le dessèchement et la culture, les hommes contribuèrent aussi à changer en terrains solides et féconds ces palus du Bas-Médoc si longtemps fonds de fleuve, lorsque le colmatage fut assez avancé pour qu’ils pussent en prendre possession et les faire passer du domaine maritime dans le domaine continental. Au moyen-âge, les seigneurs inféodèrent beaucoup de ces marécages et de ces alluvions à leurs vassaux qui, peu à peu, les transformèrent et en firent les prés salés, raillonnats et mattes de Gironde.

Au xvie siècle, on s’occupa un peu plus de creuser des fossés d’assainissement. Rappelons que l’inventaire de la terre de Lesparre dit à ce sujet : « (La 8e canau)… est au lieu dit Pont de Guy distant de demi-lieue de la rouille de Balirac… la plus grande partie des eaux de la grand Palu qui va respondre près du chasteau de Lesparre s’écoulent à la dite canau…

» la dite canau autrefois et du temps que le Président Mulet étoit baillif a été comme l’on dit fossoyée la longueur d’un quart de lieue. Laquelle si elle eust été parachevée de fossoyer, le seigneur du Lesparre auroit tiré grand profit pour l’abonnissement de celle-ci, tant par le plantement d’aubarèdes qui se pourroit faire, que par nombre grand d’inféodations. »

Plus tard, lorsque Bertrand duc d’Épernon eut acquis la seigneurie de Lesparre, il entreprit l’assainissement des marais qui allaient par l’Hervault de Lesparre à la Gironde et qui étaient des foyers d’épidémies si intenses que chaque année le cinquième de la population périssait. En 1628, pour effectuer le dessèchement complet de ces marais, il passa un marché avec des Hollandais. Ce sont ceux-ci qui