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plateaux de Grayan, Vensac et Queyrac. À une époque plus ancienne, ces marécages étaient plus profonds et faisaient partie intégrante de l’estuaire Girondin plus vaste qu’aujourd’hui. Il est indubitable que les vases et limons, charriés par le fleuve en tout temps, se sont déposés petit à petit sur les crassats, dans les golfes, partout où les eaux étaient tranquilles et à l’abri des courants violents du thalweg. Les fonds se sont peu à peu exhaussés, grâce à cet amoncellement continu d’alluvions. Il s’est accompli là un travail similaire à celui qui obstrue peu à peu l’estuaire de la Loire, de celui qui forme les deltas du Rhône, du Pô, de la Meuse, du Nil, etc.

Les hommes ont aidé à ce colmatage en établissant sur les bords du fleuve divers ouvrages, tels que les digues et les gords. Disons quelques mots de ces derniers dont la suppression, qui a été une faute commise par l’administration, a passionné le Bas-Médoc il y a 50 ans. Le gord était placé au milieu de la plage de vase découvrant à marée basse, entre les niveaux des deux flots. Il se composait de deux haies ou clayonnages en branches de tamarix figurant un V ; au point de jonction des deux clayonnages se trouvaient deux bourgnes ou nasses en osier se faisant suite, la première vaste, la seconde plus resserrée. Les deux branches du gord étaient d’inégale longueur, l’une mesurant 50 mètres, l’autre 30. La plus courte était du côté de la terre, la plus longue du côté du fleuve et à peu prés parallèle au courant ; enfin leur ouverture était en amont et les nasses en aval. On comprend le fonctionnement de l’appareil. À ma-