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« La portion du littoral de Gascogne, aujourd’hui immergée, doit être considérable, écrit M.  Delfortrie en 1879 ; à la suite de sondages pratiqués il y a une dizaine d’années, le terrain pliocène a été retrouvé au large, à dix kilomètres devant le cap Breton, à vingt kilomètres devant Arcachon, et à cent vingt kilomètres à la pointe de Grave. Bien que ces données accusent déjà une immense étendue de terrain disparu, il y a tout lieu de présumer qu’on doit encore en reculer de beaucoup les limites. »

Nous constations plus haut que depuis 1889, la mer respecte les rives médocaines et a cessé en général .son mouvement de progression, que même elle a reculé à Soulac de 1882 à 1889. et nous demandions : est-ce la paix ou un simple armistice ? Chi lo sa ? c’est peut-être là la meilleure réponse, dans l’incertitude où l’on est de la cause exacte de ce mouvement. Si on l’attribue à un fait astronomique variable, il pourrait fort bien avoir atteint aujourd’hui un maximum après lequel il entrera en décroissance. S’il est surtout, comme c’est notre opinion, une conséquence des ondulations de la surface terrestre, ces ondulations devant se continuer tant que le noyau igné interne ne sera pas refroidi, mais étant d’un caractère essentiellement irrégulier, le mouvement en question peut également bien s’arrêter pour jamais, ou reprendre dans le même sens ou dans le sens inverse, suivant une marche irrégulière. Le champ est ouvert aux hypothèses. Le profil de la côte étant maintenant régularisé, c’est une chance pour que cette côte ne soit plus attaquée. Toutefois les érosions faites à la dune littorale de Soulac et à l’anse de la Chambrette par les grandes marées de janvier et février 1895, pourraient bien être un funèbre avertissement pour cette portion du Médoc.

À Soulac, il est un fait particulier qui influe sur cet arrêt de la mer, qui pourrait bien même être la cause de son léger recul actuel et qui n’existe pas sur le reste de la côte du Médoc. C’est le déplacement vers le nord et le long du rivage d’une masse de sable actuellement confondue avec le banc des Olives. Cette masse sableuse, dont on a, paraît-il, suivi la marche depuis Bayonne et qui se dirige sur l’embouchure de la Gironde, protège par sa position actuelle la côte de Soulac contre les courants marin-s. Elle produit même, de l’Amélie à Soulac, l’accumulation de sable et la reconstitution de la dune que tout le monde constate aujourd’hui. Nous y reviendrons ultérieurement.


Causes du déplacement de la côte fluviale. — Après le rivage océanique, examinons les causes du déplacement de la côte fluviale. Ce déplacement a été précédemment exposé. Il consiste dans la translation du fleuve de l’ouest à l’est et le rétrécissement de son embouchure.

La cause de ce mouvement serait-elle d’abord un soulèvement du sol ? Soulèvement parallèle à l’affaissement du rivage maritime et