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a eu de pauvres auteurs qui, voyant avec désespoir le succès des autres, se sont imaginé qu’ils ajoutaient à leur petite réputation ce qu’ils enlevaient aux bons écrivains par le mensonge et la calomnie. Mais ces gens médiocres se font un grand tort à eux-mêmes : ne pas apprécier les œuvres d’un mérite supérieur, c’est donner une triste opinion de son esprit et de son goût littéraire.

Les malicieux propos n’empêchèrent pas la propagation du De Asse, qui se répandit bientôt dans tous les pays. Il y avait à cette époque en Italie, un homme appelé Leonardo Portio qui eut l’audace de se l’approprier. Quand cette nouvelle parvint aux oreilles de Budé, il entra dans une terrible colère, et témoigna publiquement qu’il n’avait jamais emprunté aucune idée à Portio, tandis que ce dernier était un infâme plagiaire. Mais, pour ne pas laisser se prolonger le débat, Lascaris, l’ami des deux adversaires, fit une intervention pacifique dans cette querelle. Budé, qui perdait par ce vol manifeste le plus beau titre de gloire, fut difficile, comme cela se comprend, à ramener à des sentiments de réconciliation.

Un Allemand, Agricola, jaloux des succès du savant français, l’attaqua. Celui-ci répondit en homme d’esprit qu’il ne tenait nullement à la réputation, et que dès