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de te tuer par les veilles ? T’ai-je élevé avec tant de soins pour que tu te détruises comme à plaisir ? Pourquoi voudrais-tu attrister mes vieux jours par le deuil et l’affliction ? Faut-il, lorsque la nature vous doue des plus précieux de ses dons, de cette grande facilité, et de cette application remarquable, faut-il négliger sa santé, mourir jeune encore, ou voir, par l’insouciance de ses intérêts, s’anéantir la fortune héritée de ses pères. Vois plutôt tes ancêtres, quelle noble carrière ils s’étaient choisie. Tous ont recueilli à pleines mains les faveurs des rois. Fais comme eux, je t’en conjure ; ou, du moins, si tu persistes dans tes travaux, apportes-y de la modération. Avec de la méthode et du discernement, la vie est bien assez longue pour faire un savant. Si mes discours ne te touchent point, ceux des autres ne sauraient désormais te fléchir ; car personne ne peut te parler avec plus de bienveillance que ton père. »

Ces pénétrantes exhortations vinrent se briser contre la volonté de fer de Guillaume Budé. Il persista dans son déplorable genre de vie, disant qu’il fallait courir des dangers plutôt que de renoncer à la science.

Mais il ne tarda pas à tomber malade. Son esprit fut affecté de misanthropie ; l’activité de son intelligence, son goût pour l’étude s’affaiblirent un peu. Sa mala-