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monyme lut à son élève les poëmes d’Homère, et les œuvres d’Aristote ; mais comme il ne savait en fait de grec que la langue vulgaire[1], et qu’il ne s’était point livré aux recherches profondes des savants hellénistes, il ne tarda pas à être dépassé par son élève.

Tout en était là, lorsque passa d’Italie en France un homme qui éclipsa Hermonyme par son savoir et surtout par sa vaste intelligence. C’était Lascaris, dont la brillante réputation attira bientôt Guillaume Budé. Malheureusement, les charges que remplissait Lascaris à la cour, et ses fréquentes ambassades, lui permirent seulement de donner à notre savant des avis, et des explications cursives, malgré le vif intérêt qu’il lui portait, et sa bonne volonté de lui être utile. Ces excellentes directions, quelque rares qu’elles fussent, profitèrent tellement à Budé, qu’il occupa dès lors, de l’aveu de tous, le rang de premier helléniste. Lascaris lui-même, frappé d’admiration pour l’élégance de sa diction, marquée au coin du plus pur atticisme, disait de lui ce qu’Apollonius disait de Cicéron : « La science et l’éloquence, qui seules appartenaient aux Grecs, avaient passé, grâces à lui, en France, comme jadis elles étaient

  1. Hermonyme était un copiste qui eut l’avantage de montrer à son élève de fort beaux manuscrits.