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passe-temps ne furent pas pour lui de longue durée : il reconnut avec sens que ce n’est point dans les joies mondaines que réside le véritable bonheur ; que ces joies ne laissent rien après elles, dans un âge avancé, sinon le regret de les avoir perdues : tandis qu’une jeunesse passée dans de sérieux travaux prépare pour le vieillard une infinité de ressources et de jouissances, dont il savoure la douceur jusqu’à sa mort.

Tel fut le changement qui s’opéra en Budé à l’âge de vingt-quatre ans. Il sentit les pertes de temps que les dissipations de sa jeunesse lui avaient causées, et se mit en devoir de les réparer. Les jours n’étaient pas assez longs pour lui : il veillait des nuits entières au milieu des livres, tant le désir d’apprendre le tourmentait. Pour satisfaire aux exigences de cette passion de l’étude, il n’y avait pas de torture qu’il ne fît endurer à son pauvre corps. Il usait son être par le travail ; mais l’espoir de laisser un nom à la postérité, le consolait de la brièveté d’une vie qu’il semblait abréger à plaisir.

Sans maître et sans guide, il rencontra bien des pierres d’achoppement sur son chemin. Il commit de graves fautes dans ses premières lectures. Il choisissait souvent le plus méchant ouvrage, et lisait de mauvais traducteurs avec plus d’attention que les au-