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ACCORD DE LA RELIGION ET DE LA RAISON.

Avec cette ligne distinctement tracée devant nous, et sachant bien ce que nous devons et ce que nous ne devons pas attendre des découvertes de la philosophie naturelle, nous poursuivrons hardiment nos travaux dans les champs féconds de la science, avec l’assurance d’y récolter une abondante moisson, dans laquelle brilleront des preuves sans nombre de l’existence du Créateur, de sa Sagesse, de sa Puissance et de sa Bonté.

« La philosophie, dit le professeur Babbage, s’est donné des droits à une vive reconnaissance de la part des moralistes. En leur dévoilant les merveilles vivantes qui se pressent autour de l’atome le plus délié avec autant de luxe que dans toute l’étendue des plus grandes masses actives de matière, elle leur a fourni

    que celle qui est faite in limine contre l’étude de la philosophie naturelle et même de toute science, par des hommes bien intentionnés peut-être, mais d’un esprit étroit. Il s’élève, prétendent-ils, dans l’esprit de ceux qui cultivent ces sciences une vanité mauvaise et présomptueuse qui les mène à douter de l’immortalité de l’ame, et à tourner en dérision la religion révélée. Loin de là, et nous pouvons l’affirmer avec confiance, la philosophie naturelle et l’étude des sciences produisent et doivent nécessairement produire sur tout esprit bien constitué l’effet précisément opposé. Sans doute la raison, quelle que soit l’étendue de ses attributions, doit s’arrêter court devant ces vérités qu’il est du privilège de la révélation de nous faire connaître ; mais, alors qu’elle place l’existence et les attributs de la Divinité sur un terrain tel qu’elle rend le doute absurde, et qu’elle couvre l’athéisme de ridicule, il est évident qu’elle n’oppose aucun obstacle naturel ou nécessaire à des progrès ultérieurs. Au contraire, en admettant comme principes vitaux une activité ardente dans les recherches, et une confiance sans bornes dans les résultats, elle met l’esprit à l’abri des préjugés de toute nature ; elle le tient ouvert à toutes les impressions les plus élevées qu’il soit susceptible de recevoir, le mettant seulement en garde contre l’enthousiasme et contre ses propres déceptions par l’habitude d’une investigation sévère ; et encourageant, loin de le tenir à l’écart, tout ce qui peut offrir une perspective, une espérance au delà de notre état actuel si obscur et si incomplet. Le caractère du véritable philosophe, c’est d’espérer tout ce qui n’est pas impossible, et de croire tout ce qui n’est pas contraire à la raison. » — Discours sur l’étude de la philosophie naturelle, p. 7.