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DES CORPS MINÉRAUX.

cules d’une petitesse extrême, et pourtant composées elles-mêmes d’autres molécules encore plus petites et plus simples, se combinant suivant des proportions fixes et définies, et possédant, d’après ce qu’indiquent tous les moyens d’analyse qu’on leur fait subir, des figures géométriques déterminées ; et, loin que ces combinaisons et ces figures paraissent être des résultats fortuits du hasard, elles sont coordonnées au contraire suivant les lois les plus précises et dans les proportions les plus mathématiquement exactes[1].

L’athée, partant de ce principe gratuit que la matière et le mouvement sont éternels, présenterait la question sous la forme suivante : — Toute matière doit nécessairement avoir pris une forme ou une autre, et par conséquent le hasard a pu faire qu’elle ait pris celle sous laquelle elle nous apparaît maintenant. — Mais, dans cette hypothèse, nous devrions rencontrer toutes sortes de substances se présentant à nous au hasard sous un nombre infini de formes extérieures et combinées suivant des variétés sans nombre de proportions non définies. Or, l’observation a fait voir que les corps minéraux cristallisés ne présentent qu’un nombre fixe et limité de formes que l’on désigne sous le nom de secondaires, et que ces formes secondaires elles-mêmes sont constituées par une réunion de formes primaires plus simples dont on démontre l’existence par

  1. Les paragraphes précédens de ce chapitre, à l’exception du premier, ont été copiés presque littéralement dans les leçons de minéralogie de l’auteur lui-même, publiées en juin 1822 ; et s’il les reproduit précisément sous cette même forme, c’est surtout pour faire voir qu’il ne doit aucune de ces idées à quelque publication récente, et que les vues qu’il y présente, loin d’avoir pris naissance dans son esprit à la suite des études auxquelles il s’est livré pour l’exécution du présent traité, résultent tout naturellement d’une étude sérieuse des phénomènes de la géologie et de la minéralogie considérés dans leurs rapports mutuels, et d’une investigation dirigée vers le but de rechercher derrière les faits les causes où ces faits prennent leur origine.