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IMPORTANCES DES ORGANISATIONS LES PLUS PETITES.

feuille de papier où j’écris, il m’est tout aussi impossible de me faire une idée juste de la délicatesse de ses fibres musculaires, ou des petits vaisseaux qui servent à sa nutrition, qu’il m’est impossible d’embrasser dans ma pensée l’immensité de l’univers[1]. L’organisation du plus petit des infusoires résiste plus aux efforts de notre intelligence pour la comprendre que ne le

  1. D’après Ehrenberg, les infusoires, que jusqu’à lui on avait regardés comme à peine organisés, possèdent une structure interne qui rappelle celle des animaux les plus élevés. Il leur a trouvé des muscles, des intestins, des dents, des glandes de diverses sortes, des yeux, des nerfs, des appareils de reproduction mâle et femelle. Il a vu qu’il y en a dont les petits naissent vivans, d’autres qui se reproduisent par des œufs, et quelques uns par une division spontanée de leur corps en deux ou plusieurs animaux distincts. Ils ont une puissance de reproduction telle qu’un seul individu (hydatina senta) en a produit un million en dix jours, quatre millions en onze jours, et seize millions en douze jours. Le résultat le plus étonnant de ses observations, c’est que les plus petites taches colorées du corps du monas termo (lequel n’a en diamètre ) n’ont qu’un 48000 de ligne, et que l’épaisseur de la membrane stomacale doit être comprise entre et de ligne. Or cette peau elle-même doit contenir des vaisseaux d’un diamètre encore moindre, et dont il devient impossible de calculer les dimensions. (Abhandlungen der Académie der Wissenschaften der Berlin, 1831.) Ehrenberg a décrit et figuré plus de 500 espèces de ces animalcules : la plupart ne se rencontrent que dans certaines infusions végétales déterminées ; quelques unes seulement se montrent dans presque toutes les infusions. Un grand nombre de végétaux en produisent à la fois plusieurs espèces, dont quelques unes se propagent avec plus de rapidité que les autres dans certaines de ces infusions. Tout le monde sait avec quelle promptitude apparaissent et se propagent les animalcules dans l’infusion de poivre, et ce cas suffit à donner une idée de tous les autres.

    Ces observations des plus curieuses jettent d’importantes lumières sur la question des générations équivoques, question si obscure et depuis si long-temps en litige. Ce fait bien connu que des animalcules de caractères déterminés apparaissent dans les infusions animales et végétales préparées avec de l’eau distillée en reçoit une explication probable ; et les infusoires ne paraissent pas différer beaucoup des autres animaux quant aux principes qui président à leur propagation. Ce qu’ils offrent sous ce point de vue de plus remarquable, c’est qu’ils présentent, réunis