Page:Buckland - La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, 1838, tome 1.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
358
SCORPION FOSSILES.

Toutes les analogies déduites des espèces actuelles nous permettent de poser en fait que la présence de grandes espèces de scorpions est un indice certain de la température élevée du climat sous lequel ils habitent ; et cette conséquence est parfaitement en harmonie avec l’aspect tropical des végétaux auxquels le scorpion est associé dans le terrain houiller de la Bohême.

    une position renversée (pl. 46′, fig. 2 a). Chacune offre trois dents saillantes ; et si l’on examine l’une d’elles sous un grossissement convenable, on y voit les poils qui recouvrent la lame cornée dont elle est revêtue (figures 4 et 5).

    Les anneaux thoraciques, qui paraissent être au nombre de huit, et ceux de la queue, sont trop disloqués pour que l’on en puisse facilement distinguer le nombre ; mais ils diffèrent de ce que l’on observe dans toutes les espèces connues. La vue de la face dorsale (pl. 46′, fig. 1) a été obtenue en taillant la pierre par la face postérieure.

    On voit très bien dans la figure 2 l’animal par sa face inférieure, et le palpe droit terminé par les pinces qui caractérisent ce genre. Cette pince et l’abdomen sont séparés par une graine fossile carbonisée d’une espèce commune dans la formation houillère.

    L’enveloppe cornée de ce scorpion est dans l’état de conservation le plus extraordinaire ; car elle n’est ni décomposée ni carbonisée. La substance propre (chitine ou elytrine) qui composait probablement cette enveloppe) comme les élytres des scarabées, a résisté à la décomposition et à la minéralisation. Elle se détache facilement, et elle est élastique, translucide et cornée ; deux couches la constituent, dont chacune a conservé la structure qui lui est propre. L’extérieure (fig. 6 a) est rugueuse, presque opaque, flexible et d’une couleur noir-brun ; la couche interne au contraire (pl. 46′, fig. 6 b) est plus molle, de couleur jaune, moins élastique ; elle est organisée du reste comme la lame externe. On voit, à l’aide du microscope, que chacune de ces deux lames est formée de cellules hexagonales séparées par de fortes cloisons. D’espace en espace, elles sont traversées par des pores toujours ouverts, et qui présentent chacun une aréole enfoncée, ayant à son centre une petite ouverture qui sert d’orifice à une trachée. On voit dans la figure 7 l’impression des fibres musculaires destinées à mettre les pattes en mouvement.