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POISSONS FOSSILES.

à la fois à deux grandes formations géologiques ; pas une que l’on retrouve vivante dans les eaux de nos mers actuelles[1].

Déjà les recherches de M. Agassiz ont produit cet important résultat que l’âge de certaines formations, et leur place dans la série, dont jusqu’à lui aucun caractère n’avait pu rendre compte, ont été mis en évidence par la connaissance des poissons fossiles qui y sont contenus[2].

    que possède cette classe d’animaux de beaucoup supérieure aux autres que nous venons de citer.

  1. Les nodules d’arg le endurcie (clay-stone) de la côte du Groenland, dans lesquelles on rencontre une espèce de poissons des mers adjacentes (le capelan du Nord, Mallotus villosus), sont, suivant toute probabilité, des concrétions modernes.
  2. C’est ainsi que le schiste-ardoise d’Engi, canton de Glaris, en Suisse, a été pendant long-temps l’un des gisemens de poissons fossiles de l’Europe les plus célèbres et les plus problématiques ; ses caractères minéraux avaient même été cause que jusqu’à ces derniers temps on l’avait rapportée à la première période de la série de transition. Or, il résulte des travaux de M. Agassiz que, parmi les nombreux poissons que ce schiste renferme, il n’en est pas un qui fasse partie d’un genre que l’on rencontre plus bas que la série crétacée ; mais que plusieurs de ces fossiles sont voisins d’espèces que l’on rencontre en Bohême dans la craie inférieure, ou Planer Kalk : et cet auteur en conclut que le schiste de Glaris est une altération de quelque dépôt argillacé subordonné aux grandes formations calcaires d’autres parties de l’Europe, probablement de la marne bleue (Gault). Un autre exemple de l’utilité de l’ichthyologie dans les recherches géologiques, c’est que les poissons fossiles de la formation wealdienne d’eau saumâtre (wealden œstuary formation) prenant place dans les genres qui caractérisent la série oolitique, nous en pouvons conclure que les dépôts wealdiens sont en connexion intime avec la série oolitique qui les a précédés, tandis qu’ils sont nettement séparés des formations crétacées qui viennent immédiatement après. Il parait en effet que ces ordres les plus élevés parmi les habitans des eaux ont éprouvé à l’origine de la formation crétacée des changemens correspondant à ceux qui se sont accomplis à cette même époque dans les genres et dans les degrés inférieurs de l’animalité. Nous pouvons citer encore, comme une preuve de cette utilité de l’ichthyologie fossile, l’identité tout récemment démontrée par M. Agassiz,