Page:Buckland - La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, 1838, tome 1.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
SAURIENS MARINS.


SECTION VII.


LE MOSASAURE OU GRAND ANIMAL DE MAESTRICHT.


Le mosasaure a long-temps été connu sous le nom de grand animal de Maestricht, parce qu’on l’a trouvé, près de cette ville, dans le tuf calcaire qui constitue les dépôts les plus modernes de la formation crétacée, et qui contient des ammonites, des bélemnites, des hamites, et plusieurs autres coquilles de la craie, en même temps que des débris d’animaux marins qui lui appartiennent en propre. Ce fut en 1780 que l’on y découvrit une tête à peu près complète, qui appartient maintenant au Muséum de Paris. Cette pièce célèbre dérouta pendant plusieurs années toute la science des naturalistes : plusieurs y voyaient la tête d’une baleine, d’autres celle d’un crocodile ; mais sa véritable place dans la série animale lui fut assignée pour la première fois par Adrien Camper, dont les travaux de Cuvier sont venus depuis confirmer l’opinion. Il résulte des recherches de ces deux savans illustres que l’animal auquel avait appartenu le débris en question était un reptile marin d’une taille gigantesque et très voisin des monitors[1]. Et quant à l’époque à laquelle le mosasaure se montra pour la première fois, ce fut selon toute apparence vers la fin de cette longue série de périodes géologiques, durant laquelle se déposèrent les groupes oolitique et cré-

  1. Les monitors sont un genre de lézards qui fréquentent les marais et le bord des rivières dans les climats chauds. Ils doivent leur nom à ce préjugé universellement reçu, malgré son absurdité, qu’ils annoncent par un sifflement aigu l’approche des crocodiles et des caïmans. Il y en a une espèce, le monitor du Nil, qui détruit les œufs des crocodiles, et que l’on voit sculptée sur les monumens de l’ancienne Égypte.