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COPROLITES.

Sur la côte de Lyme-Regis ces coprolites sont tellement abondans qu’on les trouve en de certains points disséminés dans le lias comme le sont les pommes de terre dans le sol, et ils sont encore plus communs dans le lias de l’embouchure de la Saverne, où ils se rencontrent ainsi dispersés dans toute l’étendue de couches qui ont plusieurs milles en tout sens, et mêlés en si grande quantité avec des dents et des débris roulés d’ossemens de reptiles et de poissons que nous en pouvons conclure que cette région, jadis le fond d’une ancienne mer, fut, pendant un espace de temps fort long, une sorte de vaste réceptacle où se déposèrent les ossemens et les débris excrémentitiels des animaux qui l’habitaient. Outre les points que nous venons de mentionner, on rencontre encore ces corps pétrifiés en abondance dans tout le lias de l’Angleterre, et dans toutes les couches, quelle que soit leur époque, où l’on a trouvé des débris de reptiles carnivores, et sur des points multipliés et séparés par de grandes distances, tant en Europe qu’en Amérique[1].

    trace des rides et des impressions les plus légères qu’ils ont dû recevoir, alors qu’ils étaient à l’état plastique dans les intestins des animaux rivans. (Pl. 15. fig. 3 et fig. 10-11.)

    « Ces pièces pétrifiées contiennent en abondance et dispersés irrégulièrement des écailles et souvent des dents et des os de poissons qui ont traversé, sans être détruits par la digestion, le tube intestinal tout entier des sauriens, de la même manière que l’émail des dents et certains fragmens d’os qui n’ont pu être digérés, se retrouvent dans les excrémens des hyènes, soit à l’état récent, soit à l’état fossile. Ces écailles dures et brillantes sont celles du Dapedium politum, et d’autres poissons qui abondent dans le lias, et qui paraissent avoir fourni aux sauriens de cette époque une portion importante de leur subsistance. Quant aux os, ce sont surtout des vertèbres de poissons et de jeunes ichthyosaures ; et, bien que ces derniers débris soient moins nombreux que ceux qui proviennent de poissons, ils le sont pourtant assez pour démontrer que ces monstres des anciennes mers, semblables en cela à beaucoup de leurs successeurs, habitans des océans modernes, dévoraient les individus jeunes et faibles de leur propre espèce.

  1. Le professeur Jœger a tout récemment découvert plusieurs copro