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texte pour me bannir de l’Inde et effectuer par lui-même ce qu’il avait vainement sollicité du marquis d’Hastings. Il avait ouvertement déclaré, et j’en avais la preuve, avant le départ de lord Hastings, que s’il était jamais appelé à exercer un jour seulement le pouvoir, le premier usage qu’il en ferait serait de me bannir ; tout me commandait donc de mettre dans ma conduite un surcroît de prudence, et c’est ce que je fis.

Cependant, l’administration provisoire de Mr  Adam allait toucher à sa fin ; il vit que s’il ne se hâtait de consommer son œuvre de destruction, le poignard allait lui échapper ; il se hâta donc de saisir le premier prétexte venu, et voici sur quelle base ridicule il appuya cet acte de tyrannie.

Il y avait à Calcutta un certain ministre presbytérien, chef de l’église écossaise dans l’Inde. Pendant plusieurs années, il avait été éditeur d’un journal plein de violence, intitulé le Miroir asiatique, au succès duquel avait grandement nui la publication du Journal de Calcutta, ce qui l’avait singulièrement mortifié. Il s’était attaché depuis a une autre feuille, le John Bull, publiée par les fonctionnaires du gouvernement de l’Inde, dans le but avoué de me diffamer. J’avais même, dans un tribunal de l’Inde, obtenu, contre leurs diffamations, un jugement accompagné de dommages et intérêts considérables.