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moignage le plus incontestable que pût recevoir un écrivain de l’estime publique ; tous ces motifs contribuèrent à attirer sur moi et sur le Journal de Calcutta, que je dirigeais, l’hostilité et la haine de quelques hommes rétrogrades, aveuglément attachés au système de la Compagnie, et composant le conseil du gouverneur général. Ce fut alors que ces hommes ne cessèrent de faire des efforts pour obtenir que je fusse arbitrairement banni de l’Inde ; et cependant mon seul crime était de soutenir les principes que professait le chef du gouvernement lui-même. Mais lui, par une conduite digne de son haut rang et de sa haute naissance, ne cessait de les renvoyer à la loi, protectrice équitable des gouvernans et des gouvernés ; et il déclara plus d’une fois que, tant que la Providence le laisserait à la tête des affaires, il ne permettrait jamais qu’on privât un sujet anglais de cette protection légale établie pour le mettre à l’abri de l’exercice du pouvoir arbitraire.

En conséquence, pendant toute l’administration de lord Hastings, qui dura dix ans, aucune peine arbitraire ne fut prononcée contre un Anglais pour l’expression de ses opinions par la voie de la presse. La loi était là, comme en Angleterre, suffisante pour réprimer les abus de cette liberté ; et quoique cette liberté fût entière et complète, jamais, au témoignage même de ses ennemis, l’empire de l’Inde