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CHAPITRE PREMIER

LA LIBERTÉ DE l’ESPRIT


Spinoza s’est consacré à la philosophie parce qu’il s’est demandé comment il devait vivre. Les hommes ont des genres de vie différents, chacun doit choisir le sien ; il s’agit de faire le choix le meilleur, et c’est là le problème que Spinoza s’est proposé de résoudre.

Spinoza commence par regarder les hommes autour de lui. Comment vivent-ils ? Leur conduite répond pour eux. Le souverain bien consiste à leurs yeux dans ces trois choses : richesses, honneurs, plaisirs, et ce sont en effet les biens qui se présentent le plus fréquemment dans la vie, dont il est le plus facile de jouir[1]. Une opinion qui s’appuie sur l’expérience la plus générale, qui exprime la vie commune de l’humanité, n’est certes pas négligeable ; mais, pour en apprécier la valeur, deux conditions sont naturellement requises : expérimenter ces biens, afin de se prononcer en toute connaissance de cause, et conserver

  1. Int. Em. ; I, 3.