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LA « MÉTAPHYSIQUE » DU CALCUL INFINITÉSIMAL

noms et la vérité est la vérité[1]. » Kant ne reconnaît ni Psychologie rationnelle ni Cosmologie rationnelle ; la Physique rationnelle est pour lui la science rationnelle par excellence ; la partie positive de la Critique de la Raison pure a pour corollaire les Premiers Principes métaphysiques de la science de la nature ; les deux ouvrages tendent vers le même but, justifier a priori la forme mathématique dont est revêtue la connaissance scientifique de l’univers. Il n’en sera pas autrement pour Auguste Comte : la Mécanique analytique de Lagrange a réuni la mécanique au corps des mathématiques, tandis que la Mécanique céleste de Laplace en a définitivement établi le succès dans le domaine du réel ; Mathématique et Astronomie permettent de fixer les caractères de la science positive.

Les deux grandes disciplines qui ont contribué à poser les problèmes de la philosophie sous l’aspect propre au xixe siècle, le kantisme et le positivisme, cherchent le centre de gravité de la science moins dans les parties proprement abstraites et intellectuelles que dans leur application à la nature. De là le caractère nouveau conféré à la philosophie mathématique qui joue un rôle décisif dans l’élaboration de l’un et de l’autre système, qui occupe la première place aussi bien dans la Critique de la Baison pure que dans le Cours de philosophie positive.

  1. Lettre de 1759, publiée à la Haye en 1772, réimprimée par M. Dauphin Meunier, Supplément littéraire du Figaro, 21 mai 1910.