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II
Mathématiciens et Acousmatiques.


Sans qu’il soit besoin d’insister davantage, nous sommes assurés qu’à une distance de plus de vingt siècles on aurait trouvé dans la bibliothèque pythagoricienne les bases de ce qui constitue pour nous le savoir exact et positif. Mais arithmétique et géométrie, acoustique et astronomie, sont loin d’épuiser les ressources et les conséquences de la méthode, telle que le pythagorisme la concevait.

Le fantôme de l’arithmologie se profile à l’horizon. C’est la clé universelle, c’est le secret des êtres, que la considération du nombre est appelée à révéler. Et pour cela voici la recette qu’Aristote nous fait connaître en la rapportant à la pratique d’un certain Eurytos : on prendra des cailloux de couleur, on les disposera de façon à dessiner par leur assemblage la forme d’un cheval ou d’un homme, et ainsi s’obtiendra le nombre constitutif de leur essence.

Ce qui est dit des individualités spécifiques sera également vrai des réalités morales, qui sont encore plus plastiques et semblent se prêter avec plus de complaisance au jeu des symboles.

Un nombre carré, 4 et même 9, c’est la justice dont le fondement est l’égalité. 5, qui est la somme du premier nombre impair et du premier nombre pair, c’est le mariage, l’impair étant mâle, le pair femelle, suivant la table pythagoricienne des oppositions qui est héritée des Chaldéens. 7 est dans la décade le seul nombre qui n’est produit par aucun autre et qui n’en produit aucun : il figure la parthénogénèse et la virginité de Pallas-Athéna.