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LIVRE XIX

Le Jugement de Causalité.




CHAPITRE L


CAUSALITÉ ET FINALITÉ


236. — Partant du temps, nous avons montré que c’était en méconnaître la nature que de prétendre le détacher du contenu qui le remplit, qui plus exactement en constitue le cours, que d’en faire une forme indifférente en quelque sorte à son propre devenir : le temps est inséparable de la relation causale par quoi se crée peu à peu le champ temporel. Et inversement, partant de la causalité, nous avons essayé d’établir que c’était en altérer le caractère réel que de prétendre le considérer à part de l’ensemble singulier et universel dont la causalité forme l’armature, de le concentrer dans une essence préexistant et survivant à ses applications particulières en tel lieu et à tel moment. En d’autres termes, nous ne nous flattons plus d’isoler la cause en tant qu’ « élément de la représentation ». Le renouvellement de la psychologie de l’intelligence, à quoi la science contemporaine donne occasion, ou pour mieux dire à quoi elle nous oblige, a pour conséquence d’intégrer la cause à titre de fonction active dans la manœuvre d’ensemble par laquelle l’homme lance des courants d’intelligibilité, destinés à créer la trame spatiale et temporelle du monde.

À quelles conclusions cette conception va-t-elle nous conduire, touchant les questions essentielles que les logiciens et les métaphysiciens ont coutume d’agiter à propos de la causalité ?

Tout d’abord, la causalité apparaîtra comme un principe, dont on donne communément les énoncés suivants : D’une