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LIVRE XVI

La crise des Théories physiques
à la fin du XIXe Siècle.




CHAPITRE XLII


MÉCANIQUE ET PHYSIQUE


192. — À l’heure où nous écrivons, la marche des idées physiques est en pleine vitesse. Les méthodes statistiques, d’une part, les théories de la relativité, d’autre part, ont imprimé une impulsion extraordinaire à ce mouvement intellectuel, dont l’accélération est le caractère le plus manifeste de l’époque contemporaine, Suivant le mot fameux auquel Joseph de Maistre a fait une fortune, il glisse sur un plan incliné.

Il ne saurait être question d’ailleurs ni de prédire de quel côté inclinera le plan, ni même de prévoir une portion de l’avenir, fût-elle la plus voisine. Non seulement on se heurterait à la complexité des idées contemporaines sur l’extension à l’énergie de la discontinuité atomistique ou sur la pluralité irréductible des mesures du temps, complexité qui, vis-à-vis des conceptions antérieures de la science, a pris comme un air de gageure ; mais le développement de ces idées nous a rendus familiers avec une notion du progrès qui contredit à la représentation que s’en faisait le début du xixe siècle. Alors, en effet, appliquant à l’encyclopédie du savoir la loi économique de la division du travail, le physicien acceptait, comme définitivement consolidées, certaines disciplines, à commencer par la mathématique et la mécanique rationnelle, dont il ne restait plus qu’à appliquer les principes ou à compliquer les méthodes, pour obtenir des résultats nouveaux. En d’autres termes le progrès apparaissait naturellement et perpétuellement progressif.