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l’actualité

dans le Phèdre, imagine les âmes perdant leurs ailes, puis se trouvant entraînées jusqu’à ce qu’elles soient enchaînées à quelque chose de solide où désormais elles s’établissent. De là vient qu’elles possèdent un corps terrestre qui aura l’air de se mouvoir de lui-même en vertu de la force motrice inhérente à l’âme qui s’est approprié ce corps.

Donc, sous réserve que nous ne nous ferons pas plus royalistes que le roi, que nous recevrons à titre mythique ce que Platon nous a présenté comme tel, nous pouvons examiner le caractère du roman physique que Platon a décrit dans le Timée.

Le Démiurge platonicien laisse pressentir le Dieu de Malebranche et de Leibniz. Tous trois mettent leur puissance et leur bonté au service de la sagesse. L’action du Démiurge, toute généreuse, toute gratuite, prend pour règles les Idées dont la vérité interne se reflète dans les rapports des figures et des nombres. Dès lors, elle devra s’exercer suivant les lois de la mathématique, ou plutôt, chez Platon, de deux mathématiques. L’une est inspirée par les considérations de convenance supérieure à la quantité brute, subordonnée au primat de la totalité harmonique. L’autre, à l’étage inférieur, est une mathématique toute proche de la matière, où les combinaisons géométriques traduisent la nécessité d’un mécanisme réfractaire. À la rencontre de ces deux courants, qui se combattent et finalement s’équilibreront tant bien que mal, le temps va naître. Et voici qu’apparaissent des âmes : l’âme du monde immortel et les âmes des vivants mortels. Elles sont combinées, d’une façon abstraite et mystérieuse, par le mélange de ce qui est identique à soi-même, indivisible, intelligible, et de ce qui est, au contraire, perpétuellement autre que soi-même et qui figure le devenir du sensible. Et ce qu’il importe de souligner, c’est que de la grande âme du monde à nos petites âmes, le principe de vie se dégrade, parce que, dit Platon, le Démiurge, en les fabriquant, en nous fabriquant, a pris moins de soin à observer exactement les proportions, du mélange.

Devant de telles conceptions, il semble bien que nous