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des signataires ont demandé en d’autres temps la réforme que nous demandons. D’autres, il ne faut pas s’y méprendre, protestent contre l’intervention de l’État, mais réclament tout de même instamment que l’enseignement de l’orthographe soit supprimé ; et que l’orthographe s’écroule d’elle-même tout entière.

Vous considérerez si c’est de leur côté ou du nôtre qu’est la vérité. Nous ne ferons point le catalogue de nos partisans. Tout le monde sait que, depuis Ronsard etBaïf, une suite ininterrompue de grands esprits se sont prononcés pour une réforme systématique. J’ai fait cette histoire ailleurs, je ne la referai pas ici.

A ne considérer que le xixe siècle, le seul entêté d’orthographe académique, vous trouverez dès 1830 les libres esprits en révolte contre le joug qui vient d’être imposé ; Benjamin Constant, Destutt de Tracy, Jacques Lafitte, le duc d’Orléans, Casimir Delavigne, Daunou, Laromiguière, Fourier, Cabet, Jacotot, trente mille adhérents s’étaient groupés groupés autour de Marle. S’ils n’ont pu s’entendre sur le détail, ils étaient du moins d’accord sur le principe d’une révolution que les événements de juillet firent perdre de vue.

Un peu plus tard les généraux Daumas et Faidherbe ont dit la portée de la réforme pour nos intérêts coloniaux. Le Congrès des travailleurs de Lausanne en marquait en septembre 1867 la signification sociale.

Personne n’a oublié le mouvement provoqué alors simultanément en Suisse par Raoux, en France par Ambroise Firmin-Didot. Sainte-Beuve et Littré lui avaient donné leur adhésion, la guerre de 1870 seule y mit fin.