Page:Brunot - La Réforme de l’orthographe, 1905.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 18 –

ment proclamé son intention de maintenir l’obligation faite au clergé breton de se servir de la langue nationale. La tradition est ininterrompue, parce que plus on avance, et plus l’obligation de faire entendre le français dans le moindre village s’impose à l’attention de ceux qui comprennent les conditions de la vie démocratique. Aujourd’hui que tout repose sur le suffrage, que ce suffrage ne peut être libre et éclairé que si la discussion quotidienne des idées politiques et sociales se fait librement, facilement, sans interprètes qui la faussent ou la restreignent, la pénétration du français dans le moindre village de France est devenue une nécessité plus impérieuse que jamais.


Et ce qui est dit ici de la France continentale est aussi vrai, pour d’autres raisons, de nos colonies et des pays placés sous notre protectorat. Si nous ne faisons, pour répandre notre langue chez les indigènes, que des efforts insignifiants, dont les résultats sont dérisoires, tout le monde sait et sent qu’au contraire l’impossible devrait être fait, que la diffusion de notre civilisation, l’extension de notre commerce sont à ce prix, et c’est ce qu’a compris à merveille cette grande association qui s’appelle l’Alliance française.

Même dans les contrées où nous ne sommes et ne serons jamais que des étrangers et des hôtes, la connaissance de notre langue est, pour notre commerce une énorme facilité, pour notre influence un instrument incomparable, pour la nation par conséquent un immense bienfait.