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Ainsi croissait sur tout le territoire une flore de français régionaux. Ils étaient nés à vrai dire, du jour où le français était sorti de l’Ile de France, et avait passé dans la bouche de gens dont il n’était pas la langue naturelle. Mais, tant que ces gens étaient demeurés une élite capable de porter son attention sur le langage et désireuse de bien parler, les conséquences de cette corruption étaient minimes. Au contraire, quand le français devenait le langage de populations entières, c’était un morcellement nouveau qui commençait, irrémédiable et définitif. Aux patois se substituaient des français patoisés, nuancés de caractéristiques régionales, qui vivent toujours et dont il est impossible de prédire l’avenir. C’était en quelque sorte la rançon de la conquête. Extension impliquait division nécessaire.