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g), 4° ceux en l, ll, n (avec explication des adjectifs et participes en ent, ant, en, des noms en an, ain, un, on), 5° ceux en p, r, t, x. Suit la règle du pluriel touchant l’emploi de s, z, x. (278-280). Le chapitre IV traite de la conjugaison des verbes en er, ir, or (clorre), oir. On insiste surtout sur les passés. Les auxiliaires sont donnés tout au long, puis quelques observations sur les particularités des verbes réguliers, ou plutôt de leurs désinences. Viennent ensuite les principaux verbes irréguliers. C’est seulement à la fin de cet exposé tout empirique qu’on fournit quelques renseignements sur les personnes pour les enfants « qui sont assez avancéz » (298). Le tout forme quarante pages. L’auteur s’en est tenu là, parce qu’il a fallu « s’étudier à la bréveté », et que « les Enfans, et les autres personnes qui n’ont pas étudié la Langue Latine, ne sont pas capables » d’instructions plus étendues, enfin parce qu’on a toujours remarqué que les enfants s’avançaient plus quand on les attachait « à remarquer l’Orthographe de leur Leçon » (299). À partir de ce moment, l’orthographe est devenue une chose importante à l’école[1]. Des livres qui ne renferment aucune indication sur aucune partie des études, comme celui de Joly : Avis chrétiens et moraux pour l’institution des enfans (Paris, Savreux, 1675) contiennent un traité rudimentaire d’orthographe, et cela est significatif.

Il sera intéressant de recueillir les documents qui nous feront voir le prix qu’on attachait à une orthographe correcte chez les secrétaires. On en rencontre un de-ci de-là. Ainsi Mme de Sévigné écrit à Mme de Grignan pour lui recommander Pauline, « qui a une main toute rompue et une orthographe correcte » (Let., IX, 48, 11 mai 1689). Celle-là n’était point une mercenaire. Mais ailleurs Bouhours présente à Mme de Sablé un maître écrivain. Il ne dit rien de ses capacités ; toutefois comment eût-on chargé Bouhours de fouiller le quartier latin, s’il ne s’était agi de trouver un homme qui sût orthographier congrûment[2].

Il se peut que les maîtres aient porté de ce côté les goûts des

  1. Voir J.-B. Jobard, Exercices de l’esprit pour apprendre l’art de bien parler et de bien écrire. Paris, 1675. (B.N., X.1325) ; J. Mercier, Jeu ou méthode curieuse pour apprendre l’orthographe en jouant avec un Dé ou un Tôton, très utile pour les jeunes demoiselles… — Lyon, Ant. Baujollin et Et. Baritel, 1685, 12°. (Bibl. Brunot) ; du Soule, Traité de l’orthographe françoise. Paris, Michallet, 1697 (Ste Gen., X, 365).

    Il n’entre pas dans mon dessein d’étudier où ceux-là ont pu apprendre l’orthographe, qui ont étudié dans les Universités, ou bien ont reçu des éducations particulières. Il est bien certain cependant qu’une étude complète de la question devrait comprendre les gens de qualité comme les autres.

  2. Let. autogr. inédite. Coll. V. Cousin. Je la publie plus loin, à l’appendice de ce livre.