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TROIS SONNETS DE LA « MAISON DE VIE »


REGARD D’AMOUR


Quand te vois-je le mieux, ô bien-aimée ?
Lorsque dans la lumière, les esprits de mes yeux
devant ta face, leur autel, célèbrent solennellement
le culte de cet amour que tu m’as fait connaître ?
Ou bien aux heures du crépuscule — alors que seuls tous deux
étroitement embrassés, dans l’éloquence de nos silencieuses réponses
par instants brille ton visage caché dans la pénombre
et que mon âme voit ton âme être la sienne.
Ô amour, mon amour ! Si je ne devais plus jamais te voir,
ni voir sur la terre ton ombre,
ni l’image de tes yeux dans nulle fontaine,
combien tristement résonnerait sur la pente assombrie de la vie
le tourbillon des feuilles mortes de l’espérance,
et le vent des ailes impérissables de la mort.


LA LETTRE D’AMOUR


Échauffée par sa main, ombragée par ses cheveux,
alors qu’elle se penchait et répandait son cœur à travers toi
et quelle accompagnait de ses profonds soupirs
le lisse courant noir qui embellit ta blancheur,
douce feuille murmurante, consciente même de son souffle !
Oh ! laisse ta chanson silencieuse dévoiler pour moi

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