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LE SOMMEIL DE MA SŒUR


Elle tomba endormie la veille de Pâques :
Enfin l’ombre longtemps refusée
À ses paupières fatiguées et trop lourdes,
Put encore soulager ses souffrances — mais rien de plus.

Notre mère, qui tout le jour s’était penchée
Sur le lit, d’heure en heure,
Se redressa alors pour la première fois
Et s’étant assise, elle pria.

Sa petite table à ouvrage était couverte
D’ouvrages à finir. — Craignant l’éclat de la lumière
De sa bougie, elle eut soin de travailler
À quelque distance du lit.

Au dehors s’était levée une froide lune
D’un éclat hivernal, pure et claire.
Le halo creux qui l’entourait
Était semblable à une coupe de cristal glacé.

Dans la chambre petite — avec le léger crépitement
Des flammes, le feu clair s’élançait par les ouvertures
Et rougeoyait. — Dans sa sombre alcôve
Le miroir jetait une lueur circulaire.

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