Page:Bruno Destrée - Les Préraphaélites, 1894.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


(Ah ! combien douce ! Maintenant même, en ce chant d’oiseau
ses accents ne s’efforçaient-ils pas
d’être entendus avec joie ? Lorsque ces cloches
planaient sur l’air de midi,
ses pieds ne luttaient-ils pas pour me rejoindre
le long du résonnant escalier.)

« Je voudrais qu’il pût venir à moi,
et il viendra » — dit-elle.
« N’ai-je point prié au ciel et sur la terre ?
Seigneur, Seigneur ! n’a-t-il point prié ?
Deux prières n’ont-elles point une force parfaite
et devrais-je ressentir l’effroi ?

« Lorsqu’autour de sa tête l’auréole s’attachera
et qu’il sera vêtu de blanc,
je lui prendrai la main et irai avec lui
aux sources profondes de lumière ;
nous y entrerons comme dans un cours d’eau
et nous nous baignerons à la vue de Dieu.

« Nous nous tiendrons auprès de cet autel,
occulte, voilé, inviolable,
dont les lampes sont incessamment agitées
par les prières qui montent vers Dieu ;
et nous verrons nos prières anciennes, exaucées, se fondre
chacune comme un léger nuage.

« Nous nous reposerons à l’ombre
de ce vivant arbre mystique,
dans les rameaux duquel la présence de la colombe
est quelquefois ressentie,
alors que chaque feuille touchée par ses plumes,
dit distinctement son nom.

« Et moi, moi-même, je lui apprendrai,
moi-même, me reposant ainsi,
les chants que je chante ici ; et sa voix les répétant
s’arrêtera apaisée et lente,
trouvant à chaque pause quelque connaissance
ou quelque nouvelle chose à connaître. »

35