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LA DEMOISELLE BÉNIE


La Demoiselle bénie se pencha
à la balustrade d’or du Ciel ;
Ses yeux étaient plus profonds que la profondeur
des eaux au soir calmées ;
Ellle tenait à la main trois lys
et sept étoiles étaient dans ses cheveux.

Sa robe dénouée de l’agrafe à l’ourlet,
nulle fleur brodée ne l’ornait,
sauf une blanche rose, don de Marie,
pour le divin service bien portée ;
Ses cheveux épandus sur son dos
étaient jaunes comme le blé mûr.

Il lui semblait qu’un jour à peine elle avait été
l’un des choristes de Dieu.
L’émerveillement n’avait point encore quitté
son regard tranquille,
bien qu’à ceux qu’elle avait quittés, son jour
avait paru dix années.

(Et pour l’un d’eux, c’est dix années d’années,
… Pourtant maintenant même, à cette même place
sûrement elle s’est penchée vers moi, ses cheveux
sont tombés m’enveloppant le visage.
Plus rien ! La chute des feuilles d’automne
et l’année fuit rapidement.)

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