Page:Bruno Destrée - Les Préraphaélites, 1894.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1846 dans la classe de l’antique à la Royal Academy. Il y resta juste assez de temps pour pouvoir y apprendre ce qu’on peut y apprendre d’utile, c’est-à-dire à dessiner correctement, et il s’y lia avec Millais et Hunt avec lesquels il fonda, comme nous l’avons raconté plus haut, la Confrérie préraphaélite.

Il peignit quelque temps dans l’atelier de Ford-Madox Brown qu’il avait choisi comme maître, et qui devint bientôt et resta jusqu’à la fin de sa vie un de ses amis les plus dévoués. Rossetti avait peint pour la première exposition des préraphaélites son premier tableau célèbre — The Girlhood of Mary Virgin — et à la même époque avait donné au Germ, le journal dont nous avons parlé, deux de ses plus beaux poèmes : My Sister’s Sleep et The Blessed Damozel. Si l’on pense que, trois ans plus tard, il donnait à une revue son admirable ballade intitulée Sister Helen[1], il semble que son développement poétique ait quelque peu précédé l’entier épanouissement de ses facultés artistiques, quoiqu’il soit, comme le fait très justement remarquer son biographe M. Knight, difficile d’envisager séparément les deux formes d’art chez Rossetti, étroitement liées comme elles le sont, s’aidant et s’expliquant mutuellement. « En mettant de côté, dit M. Knight, l’influence directe d’une aussi longue étude que celle que Rossetti fit du Dante, nous voyons que chez lui le tableau continuellement engendra le poème et vice-versa. Avec le choix de ces deux moyens qu’il employait avec un égal succès, Rossetti fit naturellement de fréquentes expériences pour savoir lequel était le mieux adapté à ses facultés. Mais jusque maintenant la question est restée sans réponse, car différent en ceci de certains poètes qui employèrent le

  1. Cette ballade et les deux poèmes précédents sont parmi ceux que j’ai traduits. (V. p. 33 et suiv.)
19