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insensiblement ; il va de soi aussi que les artistes qui successivement s’enrôlèrent sous les bannières des premiers préraphaélites, ne prirent pas au mouvement une importance égale ; mais ce qu’il y a de caractéristique et ce qu’il faut remarquer tout d’abord dans le mouvement artistique causé par la Confrérie préraphaélite, c’est l’étonnante communauté, l’admirable unité d’idéal qui liaient tous les artistes qui en firent part. Et ce fut cette persévérance, cet amour commun du même but élevé qui les fit triompher, qui leur donna le succès, et qui fit enfin qu’ils ne constituèrent pas seulement un mouvement artistique, mais une école. Pour mieux expliquer cette différence que j’établis entre un mouvement artistique et une école, je citerai l’exemple des peintres romantiques français qui, bien que possédant des individualités aussi puissantes et aussi bien douées que les préraphaélites anglais, n’ont réussi eux qu’à créer un mouvement et non une école, précisément parce qu’ils n’avaient pas, comme les peintres anglais, cette communauté et cette unité d’idéal qu’on est sûr de retrouver toujours dans toutes les écoles de peinture qui se sont formées.

Ces préliminaires terminés, voyons donc maintenant comment s’est formée l’école préraphaélite, quels sont les hommes qui l’ont fondée, quel était leur but, leurs aspirations, leur idéal, comment ils ont réussi à faire triompher leurs croyances et à fonder en Angleterre une nouvelle école d’art.

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