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Sur ces entrefaites, tout un monde de baigneurs, un instant confiné dans ses cellules, s’empresse d’accourir au grand air pour admirer cette transformation. Les terrasses des hôtels, les promenades se garnissent de spectateurs curieux ; ni la fraîcheur du soir, ni les approches de la nuit ne parviennent à les faire rentrer. Quelle douce émotion ce spectacle n’éveille-t-il pas chez un être sensible ! Le cœur est débordé par toutes les impressions que cette journée a fait naître. C’est le moment pour chacun de se débarrasser du fardeau qui lui pèse, de communiquer ses observations, de causer, de donner essor, par la parole ou par le chant, à tous ces sentiments divers qui agitent et remuent l’âme jusque dans ses replis les plus intimes.




La fantaisie la plus vive d’un paysagiste n’a peut-être jamais reproduit un tableau comparable à celui que présente la vallée des bains pendant les mois de décembre, janvier, février et mars. Une personne qui n’a visité la contrée que pendant la belle saison, ne s’y reconnaîtrait que difficilement, tant l’aspect en est différent. Toutes les dépressions de terrain ont été nivelées par les neiges que le vent a chassées ; les précipices ont été comblés par les avalanches ; au lieu de cascades, l’on voit d’énormes glaçons suspendus comme des stalactites aux parois du roc ; les sentiers sont déserts, la grande route de Loèche elle-même n’offre qu’un sillon étroit et profond ; seules, la Dala et les sources thermales se sont creusé leur lit dans la couche épaisse qui recouvre le