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L’INFLUENCE DES FEMMES

France, en femmes comme en hommes, jusqu’à Louis XII et François Ier n’est exactement que le service personnel du roi, je viens de rappeler que le moyen âge lui-même avait eu ses femmes historiens ou poètes ; et la succession, depuis les premières, ne s’en est jamais interrompue. Pour le prouver, rien ne serait plus facile que d’énumérer ici tout de suite une vingtaine, une trentaine, une centaine de noms de femmes auteurs, dont M. Jacquinet, dans son Recueil, et M. Carton, dans son Histoire, n’ont pas seulement fait mention. C’est, par exemple, madame du Noyer, c’est madame Nouvellon, c’est madame Patin, c’est madame de Pringy, c’est madame de Louvencourt, c’est madame Moussart, c’est madame Durand, c’est madame Vatry, c’est madame de Gomez, c’est mademoiselle Masquière, c’est madame du Hallay, c’est mademoiselle de La Force, c’est madame de Murât, c’est madame d’Aulnoy, qui toutes ont vécu de 1680 à 1725 environ, dans une courte période, mais en revanche fort obscure, de notre histoire littéraire ; et dont plusieurs, j’ose le dire, ne seraient pas indignes que l’on fit, elles aussi, des Extraits de leurs œuvres. Mais, à celles qui se firent imprimer, pour peu que l’on veuille ajouter celles qui, sans être auteurs, ont affecté de protéger ou de diriger les lettres, on pourrait, quoique déjà bien longue, allonger encore la liste que Somaize en a donnée dans son Dictionnaire des précieuses, pour une seule moitié du xviie siècle. Si les autres littératures n’ont pas manqué de femmes