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QUESTIONS DE GlUTIQUE 

inteiilion de se dépeindre dans leurs œuvres que, la plupart, on est assuré de se tromper si Ton va cher- cher leur personne dans leurs écrits, etje dis même dans leur Correspondance. Non seulement on ne trouve rien dans Andromaque ou dans Bérénice de la vie ni du caractère de Racine, rien du carac- tère ni de la vie de Molière dans Tartuffe ou dans le Misanthrope,mdiiseursœires, — si d’ailleurs nous ne connaissions leur personne, — seraient faites pour nous donner d’eux l’idée peut-être la moins exacte et la moins conforme à la réalité. Qui se douterait, s’il ne le savait, que l’auteur de VAmoitr médecin, de il/, de Pourceaugnac, ou du Bourgeois gentilhomme vécut triste et mourut hypocondriaque? qui reconnaî- trait un janséniste dans l’auteur à! Andromaque, et qui verrait dans celui de Bérénice ou à’Esther l’un des railleurs les plus piquants et les plus imprudents de la cour de Louis XI^ ? Nous, cependant, nous sommes en train de chan- ger tout cela. Cette tendance de nos auteurs à se mettre eux en scène, la critique l’approuve et l’en- courage; ils n’ont pas plutôt laissé, par mégarde sans doute, échapper un aveu, qu’on les invite à faire une confession générale; et, après nous avoir raconté leurs amours, ce ne sera pas la faute de leurs admi- rateurs s’ils n’écrivent bientôt aussi les Mémoires de leur pituite ou le Journal de leur hydropisie. Mon- taigne, encore, leur a donné l’exemple, et, depuis lui, Jean-Jacques. N’est-ce pas, d’ailleurs, une dis-