Page:Brunetière - Questions de critique, 1897.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée
3
SUR UN BUSTE DE RABELAIS

aussi toujours de nouveaux éclaircissements. Voilà une tâche tout indiquée pour les Rabelaisiens : quand ils n’en rempliraient qu’une partie seulement, leur société du moins aurait eu sa raison d’être ; — et il ne faut point douter que ce soit pour cela qu’ils l’aient constituée.

On les verra donc, je n’en doute pas davantage, commencer par enlever à Rabelais ce masque d’ivrogne et de bouffon, qui peut bien avoir contribué à faire de lui l’un des plus populaires de nos grands écrivains, mais qui n’est cependant, comme ils le savent tous, qu’un masque, et le plus trompeur des masques.

Le bon Rabelais, qui boivait
Toujours, cependant qu’il vivait,

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Qui parmi les escuelles grasses.
Sans nulle honte se touillant.
Allait dans le vin barbouillant ;

le Rabelais de tant de bons contes, et de bons tours, et de bons mots, qu’il est inutile de reproduire ici, puisqu’on les trouve aussi bien partout, et qu’ils sont passés presque en proverbes ; le moine qui se ruait volontiers en cuisine, « par induction et inclination naturelle, aux frocs et cagoules adhérente » ; cette espèce de curé philosophe qui disait à ses paroissiens comment, à l’invention… de ce que vous savez, le bonhomme Grandgousier connut l’esprit merveilleux de son fils Gargantua ; — ce Rabelais-là n’est qu’un