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QUESTIONS DE CRITIQUE

SUR UN BUSTE DE RABELAIS

À Meudon, — où il n’est point né, où il n’est pas mort, où peut-être il n’a jamais seulement résidé. — on a élevé l’année dernière un buste, en plâtre, de François Rabelais. Je n’ai pas besoin d’ajouter qu’à cette occasion, selon l’usage, on a discouru, festoyé, banqueté. C’est notre manière en France d’honorer nos grands hommes, et surtout nos grands écrivains : ils ont pensé pour nous, et nous mangeons pour eux. N’ai-je pas lu dans les journaux que l’on mangerait encore ce mois-ci, que l’on se proposait de manger l’année prochaine, enfin qu’une société s’était formée pour manger tous les ans en l’honneur de Rabelais ? Comme on mangeait déjà, l’hiver, à