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LA STATUE DE BAUDELAIRE

À qui se fier, je vous le demande, ô compagnons de la vie nouvelle, et sur qui compterons-nous désormais, si M. Paul Desjardins lui-même fait défaut à la cause du « devoir présent » ? Lorsque j’ai lu quelque part qu’il était question d’élever un buste, ou une statue tout entière, — là-haut, devers l’Élysée-Montmartre ou du côté du Moulin-Rouge, — à Charles Baudelaire, je n’ai rien dit ; et j’attendais, comme tout le monde, la généreuse protestation de M. Desjardins. Il me semblait qu’en effet il nous en devait une, ou même deux, en sa double qualité d’ouvrier du « devoir présent », et de professeur de rhétorique. Comme professeur de rhétorique, il ne se peut pas, me disais-je, qu’une Charogne, ou le Voyage à Cythère n’offensent et ne révoltent la délicatesse de son goût. Mais, comme ouvrier du « devoir présent », quelle sera donc cette « littérature infâme », qu’il avait pris l’engagement de combattre, si ce n’est celle à laquelle