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tant d’hommes de lettres, n’ont réussi généralement qu’à les détourner de leur œuvre, ce qui est le cas de Musset ; ou n’ont servi qu’à diversifier la monotonie de leur existence et à les délasser de la continuité de leur labeur, ce qui est le cas de George Sand ; au contraire, le génie de Balzac s’est enrichi des leçons de son expérience amoureuse, et s’en est servi comme d’un moyen d’atteindre plus profondément la réalité. Là encore est l’une des raisons qui allaient faire de lui le maître du roman. Ni sa vie ne s’est jamais séparée de son art, ni son art ne s’est distingué de sa vie, et c’est même pour cela que, par une contradiction qui, au fond, n’en est pas une, mais qu’il faut essayer de résoudre, on est étonné, quand on relit attentivement sa correspondance, de voir combien y sont clairsemées, ou « espacées », les préoccupations d’art.

Reportez-vous, pour bien entendre ceci, aux jours héroïques du romantisme, et lisez les premiers Lundis, les Lundis militants de Sainte--