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quelle que soit la singularité psychologique des « cas de conscience » ou de passion, que pouvait offrir à notre curiosité le spectacle mouvant de la vie ; quelque côté des mœurs contemporaines qu’il prétendît mettre en lumière et quelque thèse, morale ou sociale, qu’il voulût soutenir ; quelque préjugés ou conventions qu’il se proposât d’attaquer, et de détruire, s’il le pouvait ; et quelque talent enfin d’expression ou de style dont il se sentît capable et impatient de faire preuve, il fallait « un nœud » dans un roman, et que ce « nœud » ne pouvait être que celui d’une intrigue. Il faut, dans un roman « qu’il se passe quelque chose » et que, de ce quelque chose, dépendent une ou plusieurs destinées humaines. C’est à ce « quelque chose » qu’il faut qu’on ait l’art d’intéresser le lecteur ; et nous discuterons ensuite la légitimité de notre émotion, nous examinerons la qualité des moyens dont l’auteur a usé pour nous intéresser, nous les accepterons ou nous les repousserons, nous les jugerons d’un emploi trop facile ou d’une trop forte invraisemblance ; mais il faut que le romancier nous « intéresse » ! et il n’y saurait réussir qu’en