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que son absolutisme, son pessimisme, et son catholicisme ne composent pas ensemble un système lié, ni même très fortement raisonné. Mais, si l’œuvre d’un grand écrivain exprime nécessairement, qu’il l’ait d’ailleurs ou non voulu, une conception de la vie, comment douterions-nous que l’auteur de la Comédie humaine ait une philosophie ; et comment, sans avoir essayé de la caractériser, le quitterions-nous ? La philosophie de Balzac, c’est sa conception de la vie, et sa conception de la vie, ce sont les deux ou trois idées les plus générales sur la vie qui se dégagent de son œuvre. Ajoutons qu’à nos yeux, le « pessimisme », ou son contraire « l’optimisme », auxquels on en revient toujours en pareil sujet, ne sont pas des idées générales sur la vie, mais plutôt un refus d’en avoir ou d’en exprimer.

L’idée la plus générale que Balzac ait exprimée sur la vie, c’est donc celle-ci, que la vie est un enchevêtrement de causes et d’effets liés entre eux par des « dépendances mutuelles » ou, si l’on le veut, et pour user du mot à la mode, par « une solidarité nécessaire ». Aux yeux de Balzac, l’existence d’un Rastignac ou