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On s’entendait jadis sur les caractères d’un « ouvrage bien écrit », et quelque définition que l’on donnât du style, — car elle pouvait varier d’une époque ou d’une école à une autre, comme la définition de l’art, — elle était commune à la critique et aux auteurs. On écrivait donc bien, quand on écrivait correctement, c’est-à-dire conformément aux lois de la grammaire ; — purement, c’est-à-dire avec des mots dont la ville et la Cour avaient fixé le sens et la nuance ; — et clairement, c’est-à-dire en évitant les amphibologies et les équivoques, les fâcheuses rencontres, ou de sens ou de sons, si faciles à faire en français. À ces qualités si d’autres qualités s’ajoutaient de surcroît, elles étaient particulières ou personnelles à l’écrivain : à celui-ci, le don de penser par images, et, à celui-là, le don de communiquer à sa phrase le mouvement de sa pensée ; l’esprit à l’un, c’est-à-dire une façon légèrement détournée de dire les choses, et le relief ou la couleur à l’autre, c’est-à-dire, en décrivant l’objet, le don de le faire voir. Mais la correction, la pureté,