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que ses Contes drolatiques suffisent à en faire la preuve, l’auteur de la Comédie humaine est sans doute un autre « écrivain » que l’auteur des Mystères de Paris, par exemple, ou même — puisqu’en son temps, on a semblé prendre plaisir à le lui opposer, — que le sec et prétentieux auteur de Carmen et de Colomba. Comment donc se fait-il que, de nos jours mêmes, ce reproche d’ « avoir mal écrit » revienne sous la plume, et surtout sur les lèvres de beaucoup de lecteurs, qui l’aiment cependant ; qui ne croient point avoir de « préjugés » sur la question du style ; et qui sans doute n’expriment ainsi que leur ennui d’avoir été gênés dans leur lecture de Balzac, — d’Eugénie Grandet, de César Birotteau, du Cousin Pons, — par quelque chose, ils ne savent quoi, dont ils ne se rendent pas compte, et qu’ils imputent, comme on fait toujours en pareil cas, à l’imperfection de l’écrivain ?

L’une des raisons en est que Balzac lui-même, — non pas tout seul, mais d’accord avec une partie de l’opinion de son temps, — a contribué plus que personne à modifier profondément la notion même du style ; et cette