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ceux qui ont essayé de mettre l’administration en roman, et qui n’ont guère trouvé d’autres traits pour la peindre que ceux que Balzac avait esquissés.

De pareils procédés de composition expliquent les inégalités dont il est impossible de ne pas être frappé dans la Comédie humaine. Balzac a travaillé trop vite ; et on aura beau dire que « le temps ne fait rien à l’affaire » ! c’est un vers de comédie, qui n’est pas vrai, même d’un sonnet, et à plus forte raison d’un roman. Si Balzac a écrit, — et nous le savons par un témoignage non douteux, — son César Birotteau en quinze jours, c’est qu’il le portait alors dans sa tête, nous l’avons dit, depuis quatre ou cinq ans. Et nous avons dit aussi qu’il y portait ensemble sa Comédie humaine tout entière, mais toutes les parties n’en étaient pas ensemble au même degré d’avancement, et les nécessités de la vie qu’il s’était faite l’ont obligé d’en détacher, et d’en « réaliser » plus d’un fragment avant que le temps en fût venu. C’est le cas de ses Paysans.

On ne saurait non plus se dissimuler qu’ayant conçu l’ambition de faire de son œuvre une