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qu’on soit tous les deux Flamands, et tous les deux de l’école de Rubens. Pareillement, on ne crée ni Gaudissart ni Bixiou sans en avoir soi-même quelques traits ! Mais ne serait-ce pas dommage que nous n’eussions ni Bixiou, ni Gaudissart ; et, si ce sont bien des types de leur temps, voudrions-nous que Balzac les eût écartés de son œuvre, comme n’étant pas des personnes assez distinguées ?

Ici encore, et si l’on accepte le roman comme une « représentation » de la vie, dont le premier mérite est dans sa fidélité, c’est la même question qui revient : « Balzac a-t-il passé la mesure ? et la vie, qui tout à l’heure ne nous est pas apparue plus immorale dans son œuvre qu’elle ne l’est en réalité, nous y apparaît-elle plus “grossière” ou plus “vulgaire” que nature ? » Je réponds encore que je ne le crois point.

Je fais la part de son tempérament, qui n’a rien eu d’aristocratique, en dépit de ses doctrines, et dont on a vu que ni madame de Berny, ni la comtesse Hanska n’avaient pu réussir à modifier un peu profondément la vulgarité native. Mais la véritable explication,