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leur amour même, aussi souvent que la vérité du récit l’exigera, des préoccupations étrangères à cet amour les en détourneront.

Complète, en ce sens que tous les éléments qui forment la société contemporaine de Balzac y figurent en leur rang, la représentation l’est donc en ce sens aussi qu’aucun des ressorts n’y est omis qui actionnent cette société. « Social » par la nature des préoccupations, je ne dirai pas qui le dominent, mais qui le remplissent, et même qui s’y font quelquefois jour comme à l’insu de l’auteur, le roman de Balzac est « social » par la nature des moyens qui lui servent à manifester ces préoccupations. On remarquera que c’est précisément ce qui manque aux romans de George Sand, qui tous ou presque tous, de 1830 à 1848, ont eu des prétentions « sociales ». — « Nous préparons une révolution pour les mœurs futures », disait-elle à Balzac lui-même en 1838, — mais dont les moyens sont demeurés purement « littéraires » ou « oratoires », et dont les personnages n’ont pensé, pourrait-on dire, qu’en fonction de leur amour ! Les romans de George Sand, je dis les meilleurs, sont des romans à